Entretien avec Baptiste, ergothérapeute
aux Capucins

Comment es-tu arrivé au métier d’ergothérapeute ?

Baptiste Mourant, ergothérapeute : J’ai toujours voulu travailler dans le paramédical ! Au début, j’étais attiré par l’orthoptie qui est la rééducation de la fonction visuelle. Puis j’ai eu l’occasion de faire un stage en ergothérapie et là j’ai réalisé que ça me plaisait beaucoup. 

Ça doit faire 7 ans et demi maintenant que j’exerce ce métier. Oui… ça passe vite ! (rires). Après mes études à Paris, j’ai eu la chance d’intégrer directement Les Capucins et je n’en suis pas reparti.

Quel est ton quotidien dans un centre de rééducation ?

Je travaille en rééducation en hôpital de jour. Les patients viennent pour des soins en journée, puis rentrent chez eux le soir. Mon rôle, c’est de les accompagner vers plus d’autonomie dans leur quotidien. Je pars de leurs difficultés occupationnelles pour construire un programme de rééducation personnalisé. Parfois, la rééducation seule ne suffit pas. Dans ces cas-là, j’interviens aussi sur l’environnement : ça peut passer par des évaluations des besoins en aides techniques, du logement, du poste de travail, du poste de conduite ou par la fabrication d’orthèses.

Comment as-tu découvert que la réalité virtuelle pouvait t’aider dans ta pratique ?

J’avais déjà testé la réalité virtuelle (VR), mais uniquement dans un cadre personnel. Je ne l’imaginais pas forcément comme un outil thérapeutique. C’est en découvrant H’ability que j’ai réalisé à quel point la VR pouvait avoir une vraie place en rééducation fonctionnelle.

Nous avons testé la solution aux Capucins et on a rapidement été convaincus de son intérêt. On a trouvé l’outil intuitif, simple à prendre en main, que ce soit pour lancer une session ou programmer des exercices. Les échanges avec l’équipe d’H’ability sont fluides et on sait qu’ils sont là si on a besoin de quoi que ce soit.

Aujourd’hui, cela fait plusieurs années qu’H’ability fait partie intégrante de nos outils de rééducation. On dispose de deux dispositifs sur l’établissement, principalement utilisés par les ergothérapeutes en rééducation adulte. C’est devenu un outil à part entière, intégré naturellement à nos pratiques, au même titre que n’importe quel autre support thérapeutique. On a même choisi de laisser les casques directement sur le plateau technique d’ergothérapie, pour pouvoir y accéder facilement. Il faut dire qu’on les utilise presque toute la journée (rires).

Il y a des exercices que je ne pourrais tout simplement pas proposer aux patients sans la réalité virtuelle. Donc ce que je fais avec le casque, c’est précisément ce qui serait difficile à mettre en place autrement avec un tel niveau d’immersion et d’engagement.

Comment intègres-tu H’ability à tes séances ?

En tant qu’ergothérapeute, j’utilise la solution H’ability pour aider mes patients à améliorer leurs capacités pour reprendre  des gestes de la vie de tous les jours. Je m’en sers pendant mes séances pour travailler des activités du quotidien dans des environnements immersifs adaptés, comme le supermarché, le potager, la salle de musique ou encore la cantine.

Souvent, j’intègre une session VR au cours de la séance. Je programme 3 ou 4 exercices, en variant les types de mouvements ou leur intensité. Par exemple, après un exercice qui mobilise les membres supérieurs dans des amplitudes importantes, je propose un enchaînement de gestes plus répétitifs avec des amplitudes moindres.

Vu qu’on peut faire évoluer en direct un exercice que ça soit en termes d’intensité ou d’amplitude des mouvements, on arrive à moduler selon les ressentis du patient pour que l’exercice reste pertinent et qu’il n’y ait pas de douleurs.

À la fin de la session, j’échange avec le patient sur son ressenti. Il m’arrive de leur montrer les données de la tablette voire de les filmer en plein mouvement pour qu’ils réalisent les progrès qu’ils ont faits. C’est un très bon levier de motivation. 

Ensuite, je fais en sorte que les acquis soient transférables dans la vie réelle à la maison. On reprend les mêmes gestes… sans le casque cette fois.

Qui sont ces patients que tu accompagnes ?

Je travaille avec des adultes ayant des pathologies très diverses. Beaucoup présentent des troubles neurologiques : AVC, tétraparésie, plexus brachial, maladies neurodégénératives comme Parkinson… J’accompagne aussi des patients douloureux chroniques, avec par exemple des lombalgies ou des TMS.

La durée du suivi dépend vraiment de chaque situation. Pour certains, c’est assez court, un mois, un mois et demi, notamment dans les cas de douleurs chroniques comme les lombalgies.  Pour d’autres, ça peut être beaucoup plus long. Par exemple, pour un patient qui sort d’un AVC on est sur une phase de rééducation intensive qui peut durer trois, quatre, voire cinq mois. Donc c’est un travail diversifié, à la fois dans les profils de patients, les durées de suivi, et les approches utilisées. On accompagne les patients sur ce qui fait sens pour eux dans leur quotidien.

Comment ces séances de réalité virtuelle sont-elles accueillies par tes patients ?

Il y a d’abord beaucoup de curiosité. La plupart des patients n’ont jamais testé la réalité virtuelle, encore moins dans un cadre thérapeutique. Et puis, très vite, ils deviennent demandeurs !

Le plus étonnant, c’est qu’ils ne se rendent pas toujours compte de leurs progrès. Pris dans l’univers immersif, concentrés sur l’exercice ou le jeu, ils oublient l’exécution du mouvement en tant que telle alors qu’en réalité, ils peuvent parfois aller plus loin que ce qu’ils pensaient pouvoir faire.

Donc pour moi c’est vraiment une solution unique qui m’a aidé à maintenir un bon niveau de motivation chez mes patients.

Tu observes un impact sur leur motivation ?

Oui complètement ! Quand on démarre une session, leur objectif n’est pas forcément de réussir le mouvement en soi, mais simplement de jouer, de faire l’exercice. C’est ce côté ludique qui les embarque. 

Au-delà des bénéfices sur l’aspect fonctionnel, il y a une vraie dimension ludique. Pour des patients qui sont en rééducation depuis longtemps et qui commencent à se lasser des exercices classiques, le casque apporte un nouveau souffle. C’est un levier de motivation non négligeable. Il est toutefois nécessaire de réussir à faire le lien avec l’intérêt de réaliser l’activité pour aboutir à un gain d’autonomie au quotidien. 

C’est aussi particulièrement utile avec les patients qui ont une kinésiophobie, c’est-à-dire une peur de bouger à cause de douleurs. Je pense à certains qui gardent les coudes collés au corps, par peur de déclencher une douleur… et avec la VR, on les voit aller plus loin, bouger plus librement, sans même s’en rendre compte. C’est hyper encourageant.

Qu’est-ce qui te fait te lever le matin ?

Ce qui me motive, c’est de voir les patients progresser. Ils arrivent avec des difficultés précises, qui les empêchent de faire ce qu’ils aiment ou ce dont ils ont besoin. Et petit à petit, ils retrouvent des capacités, ils reprennent confiance. C’est extrêmement gratifiant.

Je pense par exemple à un patient post-AVC, qui gardait le bras enroulé autour du corps. Il n’arrivait pas à le décoller, ça lui provoquait trop de douleurs. Et un jour, en pleine séance avec le casque, il a réussi à lever son bras derrière la tête ! Il ne s’en est même pas rendu compte sur le moment. Mais les progrès étaient bien là : plus d’amplitude, plus de fluidité… C’était très impressionnant, pour lui comme pour moi.

Donc je dirais que participer et assister à ces avancées, c’est vraiment ce qui me porte. Les patients dans ces phases de progression sont souvent très enthousiastes. On partage beaucoup de choses positives, des moments riches en émotions. 

Bien sûr, ce n’est pas toujours linéaire, mais l’ambiance de travail reste très stimulante, tournée vers le mieux-être. C’est tout ça qui donne du sens à mon métier, et qui me fait me lever chaque jour avec envie.

Merci Baptiste !

🏥 À propos du Centre Les Capucins

Image : Centre des Capucins

Situé à Angers, le Centre Les Capucins est un établissement de santé privé d’intérêt collectif spécialisé dans les soins médicaux et la réadaptation. Il accueille enfants, adultes et personnes âgées dépendantes, avec une prise en charge personnalisée en hospitalisation complète, de jour ou de semaine. L’établissement se distingue par son plateau technique de rééducation hautement équipé, mobilisant une équipe pluridisciplinaire de plus de 450 professionnels (médecins, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, psychologues, orthophonistes, etc.). Il propose également une prise en charge spécifique en Soins de Longue Durée (SLD) et en EHPAD, ainsi qu’une unité dédiée aux patients en état végétatif chronique ou pauci-relationnel.

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