Interview du Dr Frank Wein, chirurgien orthopédiste et acteur du développement de la solution H’ability

Le Dr Frank Wein est spécialiste en chirurgie du genou et en chirurgie du sport, au Centre ARCTIC’S dédié aux chirurgie des articulations et du sport. En 2025 il a participé au codéveloppement des exercices H’ability pour la rééducation des membres inférieurs, intégrant à la fois des exercices en réalité virtuelle (VR) et en réalité mixte (MR). Il partage ici son regard sur cette collaboration et sur le rôle grandissant de ces technologies dans la rééducation fonctionnelle.

Bonjour Dr Frank Wein ! Vous avez co-développé nos tout derniers exercices en VR pour la rééducation. Peux-t-on vous demander comment s’est déroulée cette phase de co-développement avec H’ability ?

Dr Frank Wein : Je peux le dire avec transparence : travailler avec une équipe qui ne vient pas du monde médical mais qui cherche à comprendre nos besoins sans préjugés, c’est rare.

En tant que soignant c’est très agréable de collaborer avec une équipe qui cherche d’abord à répondre aux besoins des praticiens plutôt qu’à imposer une vision. Je dirais que votre capacité d’écoute est ce qui m’a le plus marqué au départ. H’ability a selon moi une vraie capacité d’innovation : pas de dogmes, une envie sincère d’apprendre et d’adapter la technologie aux réalités du terrain.

Quelles sont les applications que vous pourriez envisager et sur quels patients ?

Je pense que la VR peut être utilisée chez tous les patients car elle peut coller à toute une série d’objectifs différents. J’ai quelques exemples de patients qui me viennent tout de suite en tête : 

  • Un sportif de haut niveau ayant eu une opération et qui pourra retravailler son tir dès les premiers jours en post-opératoire.

  • Un patient handicapé et alité qui pourra grâce au casque continuer à travailler dans son lit sans assistance permanente.

  • Un patient en phase de rééducation active qui bénéficiera d’exercices ciblés sur un geste ou une fonction précise.

Que pensez-vous de l’usage de la réalité mixte dans la rééducation ?

D’abord, il faut bien distinguer réalité augmentée et réalité mixte. Pour moi, la réalité augmentée sert surtout à ajouter des informations visuelles ou un retour sur la performance : « Est-ce que j’ai bien fait le geste ? ». 

La réalité mixte, elle, va plus loin : elle permet une interaction entre les objets virtuels et l’environnement réel. C’est un outil particulièrement adapté à la rééducation, car il maintient le lien avec le monde physique tout en ajoutant des éléments stimulants.
Le patient reste dans son environnement habituel (il voit son corps, la salle, les repères réels, …) tout en bénéficiant d’un environnement de travail enrichi.

J’aime à comparer ça au GPS : quand on connaît un trajet par cœur, on n’a plus besoin d’aide pour s’y rendre. Mais quand on se retrouve dans une situation nouvelle, ou après une perte de repères, ce guidage devient essentiel. La réalité mixte c’est le GPS pour aider son corps à retrouver sa maîtrise de lui-même. 

Vous nous avez tout spécialement aidé à concevoir des exercices intégrant les membres inférieurs. Pour quelle patientèle les avez-vous pensés ?

Ma spécialité, c’est la chirurgie du genou et la chirurgie du sport. Naturellement je vais penser à des patients qu’il m’arrive fréquemment de rencontrer comme le sportif après une rupture du ligament croisé antérieur qui doit regagner coordination et précision. Mais le champ d’application est évidemment bien plus large. Je pense par exemple aussi au patient âgé à qui on a placé une prothèse du genou et qui va donc avoir besoin de re-travailler l’équilibre et la marche. On peut également envisager des exercices de double tâche combinant membres supérieurs et inférieurs, utiles pour la proprioception et la prévention des chutes.

Ce qui me plaît dans cette approche, c’est qu’elle n’a pas de limite : on peut affiner les protocoles, complexifier les situations et adapter les exercices au plus près des objectifs fonctionnels de chaque patient.

H’ability peut fournir des données chiffrées sur les mouvements du patient après chaque séance. Ça a son importance selon vous ?

Oui, car on ne peut pas progresser sans évaluation. Les données objectives sont indispensables pour comprendre où se situent les progrès et où persistent les blocages.

Quel regard portez-vous sur l’arrivée de ce type de technologies dans la rééducation ?

Nous sommes à l’ère du digital. Pendant longtemps, la médecine s’est demandée quelle place donner à ces technologies et aujourd’hui leur apport est évident. Bien sûr c’est une aide et non une substitution. Mais il sera par exemple beaucoup plus facile pour le soignant de stimuler le patient très dépendant et alité et de lui proposer des choses variées grâce à la VR.

Les ressources humaines sont précieuses ; si certaines tâches peuvent être confiées à des outils fiables sans nuire à la qualité du soin, il faut le faire. Le patient comme le praticien ont tout à y gagner.

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